Photographie © Pascal Fayeton
CRÉATION 2012
Visites de Jon Fosse met en scène une famille : la mère, la fille, le frère et l’ami de la mère. Le père est absent, on ne sait rien de lui, et le déséquilibre que cela provoque dans la cellule familiale semble être le point de départ.
Cette absence plane sur les personnages et la fille confie au frère que l’ami de sa mère lui a touché les seins. Pas d’autre événement que cet acte, dont on ne sait s’il est vrai ou inventé.
Photographie © Pascal Fayeton
Cette pièce parle du vide, de confusion et de l’absence, du manque de motivation. Elle traite de l’angoisse de notre société face à ses enfants rendus étrangers à leur propre existence, aux rapports entre les êtres qui sont des inconnus les uns pour les autres, et face à des existences rendues invivables.
Photographies © Pascal Fayeton
Le choix de ce texte s’est fait car il a toutes les caractéristiques d’un vaudeville dépressif et vertigineux.
Huis clos familial, appartement, entrées, sorties, portes qu’on ouvre et qu’on ferme, discussions, règlements de compte… sont autant d’ingrédients que l’auteur utilise, faisant évoluer les quatre membres de cette famille dans un univers clos.
Porté par le rythme et la musicalité entêtante d’une langue répétitive et quotidienne propre à Jon Fosse, ce spectacle pose un regard aussi inquiétant que drôle sur les rapports humains, l’enfance et la famille.
Photographie © Pascal Fayeton
Ce que je souhaiterais voir s’exprimer dans ce spectacle implique essentiellement le jeu des comédiens. Il nous faudra trouver un équilibre délicat entre le mystère des personnages et l’apparente banalité de leurs paroles, entre un naturalisme, dont les codes empruntent au vaudeville, au théâtre bourgeois ou au cinéma et la puissance évocatrice de l’écriture de l’auteur.
Il faudra traiter les différentes scènes de manière à ce que puissent cohabiter la force du drame que vivent les personnages et la légèreté de leur ton, leur détermination à agir et leur incapacité à le faire, l’humour et le pathétique : ce qui compose l’humain dans toute son imperfection.
La volonté est de multiplier les pistes, ne rien résoudre. Je voudrais que ce que l’on voie et entend ne puisse pas s’appréhender uniquement par une compréhension rassurante, se résumer à un concept : toujours préserver l’énigme, celle du texte et celle des personnages, laisser le spectateur décider de ce qu’ils sont, et y projeter ses propres angoisses, le laisser choisir entre le drame et la comédie.
– Frédéric Garbe